mardi 5 décembre 2006

La religion et moi

Copyright : Siné


Quand j’étais dans le ventre de ma mère, elle a perdu son père.

Quand j’avais trois ans, c’est sa mère qui est morte.

Par la suite, comme elle ne s’en est jamais remise, elle a eu besoin de les « garder en vie » à sa manière. Aussi, jusqu’à ce que j’aie onze ans, environ, elle a affirmé que mes grands-parents morts étaient au Paradis, qu’ils me voyaient tout le temps, que je devais toujours penser à eux et être bien sage pour ne pas leur faire de peine. Mettant en scène jusqu’au bout son idée, elle me poussait à leur écrire des lettres, dès 6 ans, puis elle venait pendant mon sommeil subtiliser le petit papier et le remplacer par un objet ayant appartenu à ses parents. Une ou deux fois, elle a même imité l’écriture de sa maman pour me répondre à sa place. Sans doute trouvait-elle ça charmant. Peut-être partagez-vous cette opinion

Alors imaginez-vous une petite fille de 6 ans, persuadée que les gens morts ne le sont pas tout à fait, puisqu’ils peuvent se matérialiser à leur guise et distribuer des petits mots.

Imaginez-vous une fillette, seule dans sa chambre, devant s’endormir chaque soir avec l’idée que des fantômes puissent à tout moment s’approcher de son lit et déposer un « cadeau » à côté de sa tête.

Imaginez encore cette enfant, lorsqu’elle a fait une bêtise, et que sa maman, fâchée après elle, lui a dit : « Attention, Papy et Mamy t’ont vue, ils ne doivent pas être contents de toi ! ».

Dans cette cage terrifiante, autant vous dire que mes ailes n’ont pas poussé bien loin…

Par contre, mon imagination a pris son envol, déployant dans ma jeune tête une envergure impressionnante, et plutôt sombre. Pour moi, le Paradis était devenu un repaire de morts-vivants.

Puisqu’ici, je m’intéresse uniquement à la partie « religion », je vais interrompre là le récit de cette période passionnante où je m’endormais étreinte d’angoisse, enfouie sous ma couverture.

En grandissant, j’ai adhéré à tout ça pour faire plaisir à maman, grande croyante que je n’ai jamais vue mettre un pied à l’église. On allait plutôt au cimetière, le dimanche. J’ai bien appris à m’endormir en récitant des « Je vous salue Marie » et des « Notre Père », pour expier les mauvaises pensées que je pouvais avoir. Ma mère raffolait de toute l’imagerie pieuse, aussi la maison n’était-elle pas décorée de jolis tableaux, mais de gravures de Jésus, Marie et Sainte-Thérèse…

Jusqu’à 13 ans, je me suis accrochée pour croire à tout ça, même si je trouvais Dieu et sa famille assez flippants.

Puis il y a eu mon voyage à Rome, avec l’école.

J’ai pénétré dans le Palais du Vatican. On m’a montré un château de conte de fée, des trésors de pirates, un trône en or massif, une bague avec un rubis énorme, représentant la sainteté et l’autorité papale. C’est là, face à cette chevalière indécente, que j’ai eu une révélation : tout ceci n’était que mensonge et hypocrisie. Un homme capable d’aller visiter des pays ravagés par la guerre ou la famine, et de leur parler de compassion tout en portant cette bague à son doigt, ne méritait qu’un titre selon moi : celui de salaud. Comment représenter la parole divine auprès de ceux qui en ont le plus besoin, c’est-à-dire les plus démunis, sachant que chez soi on a le traitement d’un Roi ? Et là, ma compréhension a encore fait un bond en avant… Dieu lui-même n’était que mensonge et cruauté ; son représentant en était l’image. J’ai repensé aux sorcières, à l’Inquisition, aux Guerres Saintes. La colère bouillonnait au fond de moi. A partir de là, j’ai cessé de croire en Dieu, et j’ai méprisé l’Eglise. Je ne pouvais plus mettre les pieds dans un lieu saint sans ressentir des sueurs froides, une angoisse terrible. Les plus jolies chapelles me terrifient sitôt que je les pénètre. Je fuis les cathédrales comme si j’étais le Diable en personne.

Moi qui crois en la réincarnation, j’ai aussi l’idée que dans une vie passée, j’ai été une « sorcière » jugée et condamnée par l’Eglise. La vision d’un bûcher, ne serait-ce que pour Carnaval, me met en transe. Ce qui m’amène à vous parler de ma religion actuelle…


Je suis devenue Wiccane. C’est une version moderne des croyances anciennes (celtes notamment), ce que l’Eglise Catholique a transformé en paganisme. Je suggère aux néophytes de parcourir cet article, assez bien fait.


Je pensais être athée, mais ce n’etait pas tout à fait ça. J’étais anti-chrétienne, surtout. Pourtant, je croyais en quelque chose de beau, de magique, de naturel. Je croyais fort en la Nature. Je la respectais, je l’aimais, je communiais avec elle parfois. Lorsque j’ai découvert que c’était une religion aussi, j’ai accepté cette idée avec joie et sérénité.

Extraits de Wikipédia :

Les Wiccans croient en une force unique, l'esprit de la Terre. Cet esprit naturel se divise en deux polarités : le Masculin et le Féminin, la Grande Déesse et le Dieu Cornu, universellement vénérés à l'aube de l'humanité. Les représentations du Dieu et de la Déesse sont multiples et variés, puisque chaque wiccan est libre de choisir quel "visage" il leur donne.

La Déesse symbolise l'énergie féminine, la nuit, la magie, l'eau, la terre, la fertilité, le chaudron, le pentagramme, la coupe, le miroir. Elle est associée à la triple lune, astre dominant dans la wicca.

Le Dieu est associé au feu, à l'air, à la baguette, l'épée, les récoltes, la sexualité, le soleil. Souvent on le représente avec des cornes, et on l'appelle le Cornu, bien qu'il n'ait aucun lien avec toute représentation du diable. En réalité, le symbolisme des cornes rappelle les cornes d'un cerf, ou autre animal, symbole de la Nature en elle-même.

Au niveau du code, il y a une règle principale : « Fais ce qu'il te plaît tant que cela ne nuit à personne ». Et son pendant : « Toute action, bonne ou mauvaise, te sera rendue par trois fois » (Loi du Triple Retour).

Les wiccans s'appuient sur le principe de tolérance, sur le respect de la nature. La Wicca se revendique art de vivre en harmonie avec son environnement. Il s'agit d'une religion sans dogmatisme, prônant le respect de l'autre ainsi qu'une démarche de partage avec celui-ci. Par ailleurs, les wiccans croient en l'existence de la magie, considérée comme "énergie cosmique" présente en chacun de nous et en chaque objet.

Cette religion se pratique seul, chez soi ou dans la nature. Elle trouve un écho dans chaque situation de la vie quotidienne. Elle est très agréable à partager. Je suis vraiment heureuse d’avoir trouvé cette philosophie qui me va comme un gant. Et voilà d’où vient mon pseudonyme, Morrigan, qui est en réalité mon nom de baptême wiccan.