dimanche 26 octobre 2008

Chrysalide



Artiste: D. Tremois-Chazot ... http://www.galerie-du-chateau.fr





Texte d'adolescence..



Qui est cette fille dans la glace

Devisagée d'un air hostile

Par cette femme debout à ma place

Plus une étoile derrière les cils



J'oublie que c'est moi que j'regarde

Quand je me détache enfin de lui

Mon corps étranger me poignarde

Je me réfugie dans ma nuit



Refrain :

Au fond d'ma chrysalide

J'ai plus peur de tomber dans l'vide

J'ai plus peur de la vie qui passe

Mes doutes et ma peur s'effacent

Laissez-moi chrysalide

Dehors votre monde est morbide

Dedans je vois cent mille couleurs

Je fais le monde à mon bonheur



J'attire les regards hypnotisés

Plus par mes yeux mais par mon cul

C'est quoi cette chair qui a poussé

Là où mon innocence n'est plus



On exige que je raisonne

Après on m'ordonne d'obéir

Arrêtez d'me prendre pour une conne

Pourquoi j'aurais envie de grandir

(refrain)



Comment faire pour le rattraper

Ce corps qui ne m'appartient plus

Puis surtout comment l'habiter

Sans me sentir trop à la rue



J'me ronge les ongles, j'me coiffe pas

J'me cache derrière tout c'que je peux

J'efface, je triche, mais malgré ça

J'suis grande ça s'voit au fond d'mes yeux



lundi 20 octobre 2008

A écouter aussi

Ma poison


Image : Zurdom http://paradisperdu.unblog.fr


Le sang qui coule dans mes veines
Est celui qu'elle m'a donné
Sans vouloir lui faire de peine
J'aimerais parfois tout vidanger
Me vider de cet héritage
Sans rapport avec l'amour
Provoquant de vils ravages
Dans mon corps qui pèse lourd

Ma mort comme un carré de soie
Un présent pour ma poison
Ce qui lui foutrait les jetons
Serait de crever avant moi

Le remerciement auquel je pense
Pour son cadeau empoisonné
C'est de n'offrir que le silence
A ses élans d'amour surfait
Je l'aime pas je l'aimerai jamais
C'est ma poison c'est mon fardeau
Dites-moi comment amputer
Ca gangrène dans mon ego

Le manque d'amour me désespère
C'est un cadeau pour ma poison
Ce qui lui foutrait vraiment les jetons
Serait que je l'enterre la première

J'ai essayé de résister
J'ai tout fait pour tenir le coup
Bébé déjà je me battais
Je me pliais à ses dégoûts
J'ai essayé de m'effacer
Rien en moi ne trouvait grâce
Gommons, gommons, allez, ça y est
Il ne reste plus aucune trace

Partie comme un baiser volé
Un adieu à ma poison
C'qui lui aurait foutu les jetons
C'est que quelqu'un m'ait vraiment aimée

Raaaah la la...


Les mythes fondateurs de la femme : mariage, maternité, grand-mère

" Malgré toutes les révolutions, les anciens mythes de la femme ont survécu. Les jeunes filles des nouvelles générations, pourtant exposées au divorce, au cynisme des relations humaines et amoureuses, pensent comme les femmes de 80 ans: aimer un homme dans sa vie est l'idéal, l'amour est unique et durable, elles attendent l'homme qu'on aime pour toujours, c'est-à-dire le Prince Charmant. [...]
Tous ces mythes liés à une forme de pureté, d'absolu, presque de naïveté, s'effondrent bien sûr devant la réalité de la vie : le Prince Charmant se vautre devant la télé, le mariage est le lieu où se disputent les familles et belles-familles, la maternité se termine en angoisse domestique où le couple se dispute le nez dans les couches-culottes, la grand-mère est un boulet dont il faut se débarrasser.
Pourtant la femme, quel que soit son âge, retombe amoureuse et se remarie, car telle est la femme : toujours en quête d'absolu. "


E. Abécassis, C. Bongrand - Le Corset Invisible


Super livre, je vous conseille.

J'ajoute quelques petites remarques personnelles:
- le Prince Charmant n'existe pas ailleurs que dans nos esprits formatés par les contes à la noix.

- le mariage prend toute sa dimension lorsque vous décidez de divorcer. Le mariage est une prison de laquelle vous ne pourrez sortir qu'au prix de duels coûteux, de concessions déchirantes, et pour peu que vous ayez des enfants, d'une part de vous que l'ex-prince aura phagocytée à jamais. Vous pensez que le divorce peut vous rendre votre liberté? Point du tout. Que nenni. En signant le registre devant le Maire, vous avez pactisé avec le diable. Votre âme ne vous appartiendra plus jamais totalement.

- devenir mère, c'est génial, mais honnêtement, vu la participation souvent infime du Prince qui n'est jamais au château, vous vous en sortirez aussi bien seule. Avec l'aide de vos copines, bien plus disponibles en fin de compte.

- grand-mère, c'est ce que vous deviendrez aussi un jour, alors autant profiter un max avant de vous changer en vieille peau acariâtre et détestable, recluse dans une maison de retraite en compagnie de baveux de votre acabit. La vie passe vite, et vous êtes aux commandes. Ne laissez pas le soi-disant destin mener la danse, et vous embarquer là d'où vous reviendrez seule et boitillante, si ce n'est carrément cul-de-jatte.
Faites semblant d'y croire, juste assez pour être amoureuse le plus souvent et le plus durablement possible.
L'espoir, c'est bien. La stupidité prend souvent son apparence. Keep lucid.

PS 1/ que mon ex perso ne voie rien de personnellement dirigé contre lui dans cette réflexion.

PS 2/ que celui qui s'est senti visé par l'histoire du Prince vautré devant la télé prenne note de ceci... :
- il n'a pas encore été promu au titre de Prince Charmant ;-)
- se vautrer a deux devant la télé c'est pas pareil
- se vautrer devant la télé hors cadre marital, c'est pas pareil non plus
- s'il veut me donner son adresse email je serai heureuse de lui expliquer très gentiment et très longuement mon point de vue (et c'est pas une sale combine pour me faire sortir de Russie ou de Tchécoslovaquie... d'ailleurs je n'ai pas le physique d'une Yevguenia... mais je parle mieux le français....) lol

Back to black


Will I ever be loved hugely, unconditionnally, with passion and admiration?

Will I ever meet this love I missed when I was a child?

Would I be able to appreciate it if it happened?

Won't I do all my best to destroy and divert it, because all I ever knew is a life without affection?

Will this day come where I'll be able to pronounce this sentence, "Yes, Mum, I love you", without tasting of dirt and trick? Few words, so natural, that make me sick...

I dread realizing that all these questions call only one answer, again and again : NO.

There is an abyss under my skin; it needs love to be filled with, but all the men I meet feel dizzy.

And I have to love me first. I just don't know how to do.

vendredi 10 octobre 2008

Hystérie individuelle

Image from web-libre.org


Pour l'hystérique, le monde est une vaste scène, et les autres, un public à toucher et à séduire.



Notre besoin de nous interroger sur le désir de l'autre, de quêter son approbation - "Que me veux-tu? Que suis-je pour toi? Quelle est ma valeur?" - serait un effet majeur de l'hystérie en nous. La personne qui en souffre, tout en le sollicitant, est rapidement effrayée par ce désir. Pour le mettre à distance et apaiser l'angoisse que lui inspire le sexe, trop réel, trop bestial, elle transforme son existance en vaste théatre où tout n'est que faux-semblants...

Nous rêvons souvent d'être un autre, de changer d'identité... Pour l'hystérique, la méconnaissance inconsciente de son identité sexuelle facilite l'accomplissement de ce rêve! Refusant d'être limitée par le réel, elle revendique le droit d'être qui elle a envie d'être, et enchaîne les rôles. Garçon manqué au réveil, elle devient femme fatale à l'heure de l'apéritif et s'effondre à 22 heures, fantasmant de n'être qu'une loque rejetée de tous. Elle est psychiquement homme et femme, yin et yang, active et passive. D'où ses stratégies amoureuses déconcertantes : séduire activement, s'offrir passivement et s'enfuir dès que l'autre s'approche. Elle érotise les rapports humains les plus anodins. Mais au fond d'elle-même, n'aspire qu'à l'amour pur. Elle ne cesse d'intriguer, de jouer les mystérieuses, mais exige d'être reconnue au-delà des masques dont elle s'affuble.

L'insatisfaction est notre lot à tous, mais la personne hystérique, elle, l'érige en mode de vie, toujours prisonnière de ses rêveries oedipiennes inassouvies. Plus son entourage tente de lui faire plaisir, plus au lieu de se réjouir, elle pense à tout ce qui lui manque. Le jour où, enfin, l'être qu'elle désire lui fait signe, elle cesse aussitôt d'être amoureuse. L'angoisse qui nous étreint parfois à l'idée que, si nous avions tout, nous n'aurions plus rien à attendre de l'existence, prend chez elle des proportions inquiétantes. Elle s'imagine que comblée, elle mourrait d'ennui.

Comme l'anorexie, l'hystérie est très majoritairement féminine.


(Psychologies Magazine juillet-août 2008)