dimanche 7 décembre 2008

Filles de l'air...

Hey minette tu crois qu'j't'ai pas vue
T'éclipser aux toilettes ni vue ni connue
Les joues remplies comme un hamster
Et les poches pleines de pomme de terre

Les repas familiaux pour toi c'est l'enfer
D'habitude t'arrives à t'y soustraire
Mais là quand même le mariage de ta soeur
Y'avait aucune excuse à la hauteur

J'ai hésité longtemps, te suivre ou pas
Allez bouge-toi, ouais mais j'vais lui dire quoi
On se connait pas beaucoup pourtant j'te respecte
Pis j'comprends pas ce qui t'débecte

Ce steak que t'as joliment refusé
Non merci la viande j'en mange jamais
Pas mal le coup du végétarisme
Politiquement correct, pas de séisme

J't'ai regardée revenir à la table
Avec ta robe tachée, ton p'tit air minable
Les dents serrées t'as encaissé l'indifférence
J'ai dit "Eh non, personne a capté ton absence"

Alors t'as mis ton regard dans le mien
J'ai vu l'étonnement et le plaisir d'être quelqu'un
Mais c't'étincelle tu l'as vite étouffée
En retournant illico te faire gerber

Bordel c'est quoi qui déraille dans ta caboche
L'an passé, dix kilos de plus, t'étais pas moche
Aujourd'hui tu ressembles à une momie
Dont la peau a pas encore vieilli

Tu vas crever, tu sais qu'tu vas crever?
Tire-toi une balle, j'sais pas, prends des cachets
Abrège ta souffrance et celle de ceux qui t'aiment
Le prochain repas de famille sera pas un baptême

Mais des saloperies de funérailles
Où là encore on fera ripaille
Pour oublier le cercueil trop grand
Et ton squelette couché dedans

Si l'ironie du sort s'invite
C'est dans le four que tu seras cuite
Dans l'incinérateur que tu vas griller
Comme cette bouffe que tu vomissais



Commencer par inciser les chairs
Pour dégorger entailler l'épiderme
Le sang écoulé, il faut dégraisser
Oter le bardage, peser, repeser
Aplatir le morceau, attendrir les peaux rances
Eplucher c'qui dépasse, faire revenir l'enfance
A feu doux, sans s'impatienter
Laisser la viande s'amenuiser
Préparer à part un glaçage miroir
Y jeter le restant de lard
Le détailler, l'émincer, l'amincir
Qu'il soit réduit à un soupir
Le garnir adroitement de farce
Tromper l'oeil à la surface
Alterner les couches, le napper
Pour l'épaissir et l'étoffer
Ignorer l'observateur
Qui a repéré l'odeur
De brûlé, mais c'est inévitable
La pression monte à table

Allonger sur un lit de pétales
Admirer la vie qui détale
Se dire qu'on a raté la recette
Tout balancer par la fenêtre