mardi 21 mars 2006

Là où j'ai vécu (3)

J'ai connu Saint-Etienne, ville de grisaille et de labeur où l'horizon délimité par les terrils cache des campagnes verdoyantes et désertées. Ville de solitude et de maigres finances dans mes souvenirs, mais empreinte du bonheur de partager le premier nid d'amour.

J'ai connu ensuite Aix-en-Provence, son opposé. Cosmopolite, bourgeoise, jeune et insolente, elle a le clinquant d'une fille de la haute société qui aime à fricoter avec la jeunesse délurée. Dans cette ville, nous avons vraiment réalisé la chance que nous avions d'être Provençaux. Comme des enfants trop gâtés, nous n'avions pas su apprécier notre région avant de devoir la quitter. Blottis au pied de la Sainte-Victoire, comme aux pieds de la Mère Eternelle, nous sommes nés à la Provence une seconde fois.

J'ai connu la région parisienne, si impersonnelle et si nombriliste qu'on n'y nomme même pas les villes et villages par leurs noms, on les regroupe en" banlieue" ou en "région". Comment ne pas étouffer là-bas quand on est enfants du soleil, du vent et de la mer? Enfermée dans notre appartement, apeurée par l'indifférence et les difficultés quotidiennes, en manque de chaleur humaine et d'identité, j'attendais le changement. Heureusement nous eûmes un soleil qui flamboya à nos côtés tout ce temps, et nous fit oublier la solitude: notre première fille est née là-bas. Je mis à profit cet isolement pour apprendre à devenir mère, pour rassembler les morceaux de moi éparpillés un peu partout. Et puis un jour, nous avons décidé de partir. L'appel de notre sang était trop fort. J'attendais un deuxième enfant.

(photo de www.trekearth.com) Posted by Picasa

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